Voilà j’y suis. A Paris. La Capitale. La putain de Capitale. Cette ville dont on te parle depuis que tu comprends le langage. Cette ville qui existe dans les chansons, dans les films, les livres. Cette ville où est faite la télé et la radio que tu écoutes et où sont réunis tous les gens français célèbres que tu admires ou que tu détestes. Cette ville où les livres que tu étudiais à l’école ont principalement tous été écrit et pensé. Cette ville où, un jour, il y avait des allemands partout qui avait changé le nom des bâtiments pour que ça sonne plus germanique. Tu n’es jamais venu mais tu connais les quartiers, les bâtiments, les rues. Si on te dit le Père Lachaise, si on te dit la Défense, si on te dit Montmartre, si on te dit les Champs-Elysées, le sacré-coeur, Notre Dame de Paris, la Tour Eiffel, l’Arc-de-Triomphe, le Louvre, le Centre Pompidou. Tu connais tout ça. Tu ne sais pas précisément ce que sais mais tu sais que ça se rattache à Paris et que Paris c’est la Capitale. Et qu’en France il y a Paris et les Provinciaux. Rien d’autre.
Et bien voilà. Le provincial débarque à Paris avec toute sa candeur et sa naïveté de dauphinois. Il ignore déjà qu’à Paris un visiteur normal n’a pas le droit de laisser sa voiture sur un même emplacement plus de deux heures de suite. Deux heures qui lui auront quand même couté 2€. Et quand il a prévu de passer une semaine ou le temps qu’il faudra pour trouver un logement dans cette ville, il ne sait pas s’il doit véritablement déplacer sa voiture toute les deux heures avec ces 2 € qui lui reviennent donc à la fin de la journée à (sachant que c’est payant de 9h à 19h) 20 € plus un temps perdu absolument inquantifiable. Solution totalement surréaliste et grotesque. Il pense donc la mettre dans un parking souterrain dont le tarif est de 23 € par jour. Mais finalement il réalise que la solution la plus économique est de rester au même emplacement et de laisser s’empiler les amendes de 11 € qui s’avère beaucoup moins cher que les deux autres solutions alternatives. Mais encore mieux, il pensera prendre sa voiture hors de la ville (car la ville de Paris ne contient aucune, mais AUCUNE, rue de stationnement gratuit, chose que je n’avais jamais vu ailleurs…) la garer très loin où elle sera bien tranquille et revenir tranquillement en RER + Métro. Bref tout ce babillage monétaire de gros radin a seulement pour but de montrer à quel point tout de suite, le provincial que je suis a compris que Paris serait une ville à conquérir. Qu’elle (j’ai envie de lui attribuer le sexe féminin) ne va pas se laisser séduire et se laisser caresser lors du premier rendez-vous. Qu’il va falloir la connaître, la découvrir, l’explorer avant de pouvoir, disons, la sodomiser. Rien ne paraît facile ou accueillant au jeune type qui arrive et qui pense pouvoir s’installer là parce qu’il en a le désir et que ses ambitions professionnelles sont en parfaite adéquation avec ce désir et qu’en plus il est suffisament fortuné pour se payer son loyer pourant exhorbitant. Non. Ici tout ça n’est pas possible. J’ai comme cette impression que trop de gens ont le rêve parisien dans la tête mais qu’aux portes de la ville, une séléction naturelle s’effectue. Comme un casting de télé-réalité où les plus démunis, les plus moches, les plus cons n’auront certainement pas le privilège de faire « partie de l’aventure ». Le malheur des grandes villes est là. Dans l’injustice discriminative de la dialectique implacable de l’offre et de la demande. Il y aura toujours plus de monde à rentrer dans la ville qu’à en sortir. Et donc les critères seront toujours plus sévères, plus élevés et plus injustes et inhumains.
Je me plains pas mal, j’ai l’air cafardeux d’autant que Gin mon adorée est restée en Angleterre et que je me retrouve dans un espèce de célibat forcé assez désagréable mais je sais que d’ici quelques semaines, quelques mois quand enfin j’aurais réussi à glisser mes doigts dans l’intérieur moite des rues de cette ville, j’en serais le premier satisfait à me remplir les yeux et les oreilles de culture et à vider mon porte-monnaie pourtant pas bien épais deux fois plus vite qu’ailleurs. Mais en attendant quelle putain de grosse ville de merde remplis de connards suffisant et tellement fiers de leur Paris de mes couilles !!!!