Je suis en plein processus créatif. Ca peut paraître prétentieux car cela suppose que je suis un artiste et que ça implique que j’ai des périodes de « processus créatifs » mais c’est pourtant vrai. Une autre petite bulle vient d’éclater dans ma tête éclaboussant mon cerveau de pleins de gouttelettes d’idées qu’il me faut saisir le plus vite possible pour ne pas qu’elles soient absorbés par mon inconscient et qu’elles disparaissent. Il me faut les prendre une à une et les remettre en ordre, les organiser, les clarifier, leur donner une cohérence globale et surtout une cohérence émotionnelle. Que le scénario qui sorte de cette intense poussée de sève créatrice ait une ligne émotionnelle claire et identifiable qui permette de construire par-dessus. Cette ligne se doit d’être le tempo du film en devenir. Et si le tempo se dérègle tout s’écroule. Ce tempo c’est pour moi, et appliqué à ma manière de concevoir le cinéma, une émotion. Un ressenti profond qui traverse un film de part en part. Un mood unique. C’est ce que j’essaie d’atteindre.
Je réalise également aujourd’hui à quel point ma création est lié à la musique. J’avais toujours eu ce sentiment là mais c’était plus vague, plus incertain. Je me rends compte maintenant que c’est beaucoup plus enraciné en moi que je ne le croyais. Chaque film aura eu ses chansons. Les chansons qui l’ont bercé et qui l’ont vu naître. Parce que lorsque je suis en train d’écrire un film, je peux écouter diverses chansons mais inconsciemment je vais en rejouer plusieurs d’entre elles un nombre incalculables de fois. Et je viens de comprendre que ces chansons en particulier portent en elles ce tempo, ce mood que je veux imprimer au film. Et ces chansons finissent par littéralement m’obséder car je pressens de manière inconsciente qu’en elles se situe la solution du scénario. Alors je les réécoute et les réécoute encore et encore en essayant de les décortiquer, d’en extraire la substantifique moelle propice à me donner le secret qui me permettra de toucher à ma propre essence intérieur d’où je pourrais véritablement donner à ce futur film tout ce que je suis et que je représente. C’est là, précisément là que la création cesse d’être une construction mentale, intellectuelle et cérébrale pour venir chercher sa source dans la poitrine et de descendre vers les tripes et puis vers les couilles. Je sais que de là et uniquement de ces parties de mon anatomie que ne pourra jaillir le plus conforme à ce que je désire. Il me faut parvenir à cette éjaculation intérieure où après être venue se loger dans les testicules, ce germe de la création explose et remonte vers le plexus solaire pour venir irradier le corps entier et venir me donner la clef de cet acte créatif, sa définitive finalité. Et la musique est la nourriture, au sens premier du terme, de tout ça. En l’occurence dans mon assiette en ce moment il y a cette chanson n°4 de la BO de Matrixque j’ai découvert recemment. Un morceau au piano absolument sublime qui m’est apparu inopinément et qui depuis ne cesse de tourner dans ma tête, se heurtant au paroi de mon crâne.
J’ai comme le besoin d’être en transe. J’ai cette sensation de stress qui s’empare de moi alors que j’écoute cette même chanson indéfiniment. En moi tout s’accélère et un tremblement intérieur sourd s’élève progressivement. Mais il arrive à une limite qui me laisse hautement insatisfait. J’ai besoin de briser cette barrière, d’exploser, que ce tremblement sourd s’empare de mon corps tout entier et le fasse vibrer avec toute la violence qui lui sera nécessaire.
Mais pour l’instant la seule transe est dans mes doigts qui tapent sans discontinuer cette confuse description d’un sentiment difficile à cerner. Toujours est-il que j’aime ce nouveau projet, que j’y crois beaucoup (ça me semble financièrement beaucoup plus viable que tout ce que j’avais pu écrire jusqu’à présent et en particulier mon projet de western métafilmique) et que je veux que ce soit sublime (comme toujours en fait). J’espère avoir fini une première ébauche de scénario avant de repartir à Paris.
Tout à l’heure arrive Gin. Je prépare mentalement son arrivée depuis une semaine. J’ai hâte. Je me sens comme lorsque l’on ne se voyait que quelques semaines par an alors que je viens de vivre plus de deux ans avec elle. J’ai cette petite démangeaison à l’intérieur du corps. C’est étrange. Mais agréable.
Hier matin je me suis acheté une pâte rose fluo qui ressemble à un liquide épais qui en fait de couler reste en un seul et même morceau. C’est parfaitement inutile mais parfaitement jouissif. Ca ira bien avec mon sein géant anti-stress…