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Archive pour octobre 2008

L’émotion, la note, la lettre, l’image, la larme

Vendredi 24 octobre 2008

Je suis en plein processus créatif. Ca peut paraître prétentieux car cela suppose que je suis un artiste et que ça implique que j’ai des périodes de « processus créatifs » mais c’est pourtant vrai. Une autre petite bulle vient d’éclater dans ma tête éclaboussant mon cerveau de pleins de gouttelettes d’idées qu’il me faut saisir le plus vite possible pour ne pas qu’elles soient absorbés par mon inconscient et qu’elles disparaissent. Il me faut les prendre une à une et les remettre en ordre, les organiser, les clarifier, leur donner une cohérence globale et surtout une cohérence émotionnelle. Que le scénario qui sorte de cette intense poussée de sève créatrice ait une ligne émotionnelle claire et identifiable qui permette de construire par-dessus. Cette ligne se doit d’être le tempo du film en devenir. Et si le tempo se dérègle tout s’écroule. Ce tempo c’est pour moi, et appliqué à ma manière de concevoir le cinéma, une émotion. Un ressenti profond qui traverse un film de part en part. Un mood unique. C’est ce que j’essaie d’atteindre.

 

Je réalise également aujourd’hui à quel point ma création est lié à la musique. J’avais toujours eu ce sentiment là mais c’était plus vague, plus incertain. Je me rends compte maintenant que c’est beaucoup plus enraciné en moi que je ne le croyais. Chaque film aura eu ses chansons. Les chansons qui l’ont bercé et qui l’ont vu naître. Parce que lorsque je suis en train d’écrire un film, je peux écouter diverses chansons mais inconsciemment je vais en rejouer plusieurs d’entre elles un nombre incalculables de fois. Et je viens de comprendre que ces chansons en particulier portent en elles ce tempo, ce mood que je veux imprimer au film. Et ces chansons finissent par littéralement m’obséder car je pressens de manière inconsciente qu’en elles se situe la solution du scénario. Alors je les réécoute et les réécoute encore et encore en essayant de les décortiquer, d’en extraire la substantifique moelle propice à me donner le secret qui me permettra de toucher à ma propre essence intérieur d’où je pourrais véritablement donner à ce futur film tout ce que je suis et que je représente. C’est là, précisément là que la création cesse d’être une construction mentale, intellectuelle et cérébrale pour venir chercher sa source dans la poitrine et de descendre vers les tripes et puis vers les couilles. Je sais que de là et uniquement de ces parties de mon anatomie que ne pourra jaillir le plus conforme à ce que je désire. Il me faut parvenir à cette éjaculation intérieure où après être venue se loger dans les testicules, ce germe de la création explose et remonte vers le plexus solaire pour venir irradier le corps entier et venir me donner la clef de cet acte créatif, sa définitive finalité. Et la musique est la nourriture, au sens premier du terme, de tout ça. En l’occurence dans mon assiette en ce moment il y a cette chanson n°4 de la BO de Matrixque j’ai découvert recemment. Un morceau au piano absolument sublime qui m’est apparu inopinément et qui depuis ne cesse de tourner dans ma tête, se heurtant au paroi de mon crâne.

 

J’ai comme le besoin d’être en transe. J’ai cette sensation de stress qui s’empare de moi alors que j’écoute cette même chanson indéfiniment. En moi tout s’accélère et un tremblement intérieur sourd s’élève progressivement. Mais il arrive à une limite qui me laisse hautement insatisfait. J’ai besoin de briser cette barrière, d’exploser, que ce tremblement sourd s’empare de mon corps tout entier et le fasse vibrer avec toute la violence qui lui sera nécessaire.

 

Mais pour l’instant la seule transe est dans mes doigts qui tapent sans discontinuer cette confuse description d’un sentiment difficile à cerner. Toujours est-il que j’aime ce nouveau projet, que j’y crois beaucoup (ça me semble financièrement beaucoup plus viable que tout ce que j’avais pu écrire jusqu’à présent et en particulier mon projet de western métafilmique) et que je veux que ce soit sublime (comme toujours en fait). J’espère avoir fini une première ébauche de scénario avant de repartir à Paris.

 

Tout à l’heure arrive Gin. Je prépare mentalement son arrivée depuis une semaine. J’ai hâte. Je me sens comme lorsque l’on ne se voyait que quelques semaines par an alors que je viens de vivre plus de deux ans avec elle. J’ai cette petite démangeaison à l’intérieur du corps.  C’est étrange. Mais agréable.

 

Hier matin je me suis acheté une pâte rose fluo qui ressemble à un liquide épais qui en fait de couler reste en un seul et même morceau. C’est parfaitement inutile mais parfaitement jouissif. Ca ira bien avec mon sein géant anti-stress…

How GTA saved my life…

Mardi 21 octobre 2008

Nous y voilà, de retour dans l’étable qui m’a vu naître. Rien n’a changé, rien ne change jamais vraiment ici. Il y aura toujours une base unique et immuable qui me fera sentir chez moi, à l’aise comme dans une espèce de douce couverture chauffante. On emploie souvent le terme de cocon pour parler de la maison familiale. Cette métaphore élevée au range de poncif est pourtant suffisamment riche dans sa polysémie. Tout d’abord on parle de cocon pour symboliser la prise d’indépendance lorsqu’on décide de le quitter. Le cocon étant cet environnement protégé où l’on a grandi et qui au seuil de l’âge adulte nous enjoint à le quitter pour aller vivre notre vie, hors de la protection de ses murs. Deuxièmement le cocon a le sens physique de la gestation. Le cocon est cet espace où le corps est nourri, choyé, imbibé de liquide amniotique par la mère et par extension par les parents dont la responsabilité de notre intégrité et notre vie leur incombent totalement. Je vois donc dans cette métaphore l’émancipation sociale associée à la relation intime et inhérente entre une progéniture et ses créateurs.

 

Si pour beaucoup quitter le cocon s’avère un acte ferme et définitif, il s’avère pour moi beaucoup plus flou. J’ai d’abord quitté le cocon quand j’ai commencé l’université où il a fallu que je prenne un appartement. Mais ce n’était que temporaire et, j’ai envie de dire, pas totalement volontaire. De fait, je rentrais tout les week-ends, toutes les vacances, je téléphonais souvent (il faut dire que j’avais une petite amie proche de ce cocon, ce qui rendait la chose encore plus compliquée). Ces appartements que je louais durant ces trois premières années de fac n’étaient que des chambres dans lesquelles je ne faisais que passer dormir et regarder des films. D’ailleurs je n’y invitais presque personne et je vivais dans une solitude quasi-religieuse. Je ne m’y installais pas. La première vraie tentative de déroger à cet immuable mouvement du cocon à l’université à été lorsque je décidais de rester un été entier à Lyon (ville de mes études) pour y travailler au lieu de revenir chez mes parents où, objectivement, j’avais moins de chance de trouver du travail. J’y passais les meilleurs deux mois de ma vie (à l’époque). Parce que pour la première fois, je me sentais parfaitement indépendant. Comme si le travail, à la différence des études, m’apportait une véritable attache à mon lieu de vie et me donnait la sensation d’être légitime hors de chez moi. Je profitais vraiment de mes moments libres. Je fumais un peu après le travail, faisait du sport, regardait des films, allait au ciné, à la bibliothèque. Je vivais dans cette même solitude que je chéris tant mais j’y trouvais une plénitude totale (le récent célibat qui m’étreignait n’y était sans doute pas étranger).

 

Puis il y eu cette année Erasmus en Angleterre où tout les repaires se trouvent brouillés. J’étais si loin du cocon que finalement je m’en sentais plus proche. Et puis c’est une année où j’ai vécu avec cette incroyable sensation de parenthèse, comme si ma vie s’était littéralement stoppée pour quelques mois avant de reprendre son cours normale. Je me rends compte avec le recul combien j’avais tort et combien j’ai évolué et me suis enrichi durant cette année (j’y ai ramené le plus beau de tout les trésors, ma Gin adorée) mais du point de vue de l’indépendance, il y avait quelque chose de puéril, comme l’insouciance d’une longue colonie de vacances.

 

Ensuite il y a eu cette période où Gin est venu vivre avec moi. Et là ce fut les meilleurs moments de ma vie. Que ce soit notre année à Lyon, puis notre année en Espagne. Enfin j’avais un chez moi et enfin le cocon familial n’était plus qu’un lieu où l’on vient rendre visite à ceux qui y sont resté mais qui ne porte plus en lui cette nécessité de retour. On pourrait dire à me lire que ma mère a été remplacée par ma femme mais même s’il y a certainement un peu de vrai là-dedans je pense que c’est beaucoup plus profond et plus riche que cela. J’avais à coeur de créer pour Gin et moi un univers à part entière. De nous isoler du monde en nous confectionnant notre propre cocon dans lequel nous pourrions nous y épanouir clairement (car pour avoir essayer son cocon – ses parents à Cadix- et mon cocon – mes parents à St Blaise-, il était évident que nous ne pouvions y déployer nos ailes). Et je crois que nous avons vraiment profondément réussi. Et c’est d’ailleurs à partir de là que mes relations avec le cocon d’origine se sont améliorés car je prenais du recul par rapport à lui et arriver à l’envisager sans l’incidence trop profonde de mes propres sentiments.

 

Et là à quelques moi d’intervalles les choses ont changé. Je suis venu il y a quelques temps seul, pour terminer mon film que je n’arrivais pas à finir depuis l’Espagne. J’ai passé 5 semaines ici, à Saint Blaise du Buis, sans Gin. C’est d’autant plus déstabilisant que je n’avais pas de travail, hormis mon film où je dépendais de tout les intervenants et donc pour lequel je ne travaillais que très irrégulièrement (ce qui explique les 5 semaines). Je me suis donc retrouvé comme pendant mes vacances scolaires, à être là, sans rien avoir à faire, à 25 ans. J’ai donc subi une espèce de régression violente assez particulière et déstabilisante où j’étais partagé entre un sentiment de privilège (putain j’ai la vie d’un gosse de 10 ans) et un sentiment terrible de stagnation régressive et abrutissante.

 

Aujourd’hui je dois revenir pour trois nouvelles semaines à l’image des précédentes. Une semaine s’intercalera avec Gin au milieu mais le reste n’est que stagnation dans ce décors de campagne parfois horriblement immobile. A peine arrivé, je suis déjà tombé malade comme une vengeance de cet environnement que j’ai quitté brutalement et où je reviens par défaut. La sensation est étrange. Je regarde autour de moi et les gens commencent à avoir des vies organisées. La mienne j’ai parfois l’impression qu’elle ne ressemble à rien. Qu’elle n’a pas de ligne directrice, de squelette cohérent. J’hésite entre me sentir privilégié et me sentir déprimé. Enfin bref. Me voilà là, face à cet ordinateur ancestral utilisant un Internet ultra bas débit (26,4 kbits/s) à côté d’une fenêtre qui me laisse entrevoir un décors que je connais par coeur et qui me réconforte en même temps qu’il m’horrifie mais dont je ne peux nier la beauté. Me voilà trop grand pour le cocon, mes pieds dépassant du bord et mes grands membres maladroits ayant du mal à s’y mouvoir.

 

Depuis la fenêtre de ma chambre

 

Heureusement je me suis acheté un vieux GTA qui va m’aider à passer rapidement de longues heures de rien. Et puis je dois écrire. J’ai un nouveau projet de court-métrage qui me trotte dans la tête et je dois mettre tout ça à plat.

 

 

La délivrance…

Jeudi 16 octobre 2008

Voilà ça y est, j’ai un appartement à Paris. Enfin j’ai potentiellement un appartement à Paris. Rien n’est signé et tout va être compliqué mais bon je peux arrêter net cette routine de se lever, éplucher toutes les annonces du net pour aller courir aux quatre coins de la ville visiter des chambres miteuses et autres studios moisis… Donc je suis virtuellement content.

 

Mais il va falloir que j’attende le 10 novembre pour emménager. Je vais donc devoir retourner chez mes parents trois semaines pour… attendre. Je le vois avec une certaine horreur teinté il faut bien le reconnaître d’une forme de contentement inavoué de retrouver le confort doux et chaleureux du foyer familial. Mais bon je vais certainement m’y emmerder comme jamais. Je vais écrire. Je me le promets. Je n’aurais rien d’autre à faire.

 

La deuxième mauvaise nouvelle est que les vacances de Gin vont devoir se faire chez mes parents. Au revoir semaine ultra romantique et passionnée et bonjour l’embrassement de la routine familiale tue l’amour avec ses à table, la douche qu’il ne faut pas prendre trop tard pour ne pas déranger mon père et cette impossibilité de traîner au lit au delà de 10 heures parce qu’on est pas à l’hôtel et qu’il faut donner l’impression d’être occupé… Enfin bref on arrivera à trouver nos moments, on s’échappera aussi souvent que possible mais ça ne sera pas pareil. Tant pis, j’aurais essayé. Je me sens coupable tout en sachant que ce n’est pas (véritablement) ma faute.

 

Par contre durant sa semaine de vacances il va falloir que je revienne à Paris pour signer le putain de bail, qu’on ne peut pas signer le jour où elle me remets les clefs. Donc le 30 octobre il va falloir que l’on se tape deux fois 5 heures de voiture juste pour signer ce putain de papier. Et la grosse conne de l’agence, alors que je lui demande si on ne peut pas tout faire le 10 Novembre, de me dire « on s’est beaucoup battu pour votre dossier alors c’est à vous de voir, si vous êtes trop difficile on ira voir ailleurs« . Comme si ils me en une fleur en me laissant le droit de payer pour leur appartement pourri. Tout ça me dégoute pas mal à vrai dire mais bon, je fais avec. Ca me fait juste chier de savoir que cet aller-retour va certainement me coûter 150 € et que l’argent en ce moment c’est pas ça donc j’aurais préféré faire sans.

 

Voilà pour le récit détaillé et inintéressant de mes pérégrinations parisiennes. Je repars demain soir avec Cyriaque que je dépose à Lyon. Donc me voilà avec deux jours pour glander et profiter de ce Paris qui n’est pas encore tout à fait mien.

 

Le prochain message sera certainement en live from Saint Blaise du Buis.

Jusqu’ici rien ne va bien…

Mercredi 15 octobre 2008

Attention article de style Burroughsien qui ne suit aucune logique si ce n’est celle du fil de ma pensée immédiate : 

Cela fait presque dix jours que j’ai écrit le dernier article du blog et je n’ai rien écrit depuis car ma vie est étrangement la même depuis que je suis arrivé ici, à Paris. Je passe mes journées à chercher un appartement. A essayer de justifier mon droit légitime de vivre dans cette ville alors que ma situation personnelle apparaît insuffisante (sans emploi, un garant ne gagnant pas assez…) pour répondre aux exigences de standing appliquées ici. Bref rien d’intéressant. Au moment où j’écris ces lignes j’attends la réponse de deux appartements différents qui doivent simplement valider mon dossier, c’est-à-dire considérer que je ne leur ferais pas faux bond au moment de payer mon loyer. Le plus rageant de l’histoire est de savoir que jamais, au grand jamais, je n’aurais un seul retard de loyer (je sais qu’en cas de coup dur mon père pourra m’aider) mais qu’eux n’en sont pas convaincus. Le pire a été cet homme qui, hier, me dit qu’il va essayer « de faire une entorse à ses règles pour faire passer mon dossier en force », comme si il me faisait une fleur. Ce sentiment d’insuffisance sociale est assez avilissant et répugnant.

Mais je suis quelqu‘un de plutôt optimiste (qualité que je me découvre de plus en plus alors que je me suis toujours autocaricaturé comme un artiste engoncé dans sa mélancolie dépressive) et je ne perds pas espoir de trouver un appartement, un boulot et de réussir à faire les films dont je rêve. Sans ça, je repars tout de suite chez mes parents. Et puis je ne peux pas me plaindre. Logé chez un pote qui ne me met aucune pression pour que je parte, je ne me sens pas chaque matin le couteau sous la gorge.

J’en ai d’ailleurs profité pour profiter de la richesse de cinéma que peut offrir Paris et je dois dire que je suis totalement impressionné. Car en plus d’avoir à disposition absolument tout ce qui sort, les reprises et des films sortis il y a plusieurs mois, tout est accessible avec la sacro-sainte carte UGC illimité MK2. Car la liste des cinémas indépendants partenaires de la carte est impressionnante et finalement pour à peine 20 € par mois un parisien peut voir absolument TOUT ce qu‘il veut. En plus je suis tombé amoureux du quartier de Saint Michel, vers la Sorbonne où il y a pas mal de cinéma. Ma seule frustration vient de la maigreur des sorties actuelles. J’ai trop vu de films à Cannes qui sortent en ce moment alors je n’ai plus grand chose à voir… Et oui c’est un grand drame de ma vie.

Un autre grand drame, pour revenir à cette histoire d’appartement et que Gin à 10 jours de vacances à compter du 24 octobre et que je ne peux l’assurer d’avoir un appartement à cette date là. Dans le cas où je n’ai toujours pas de logement ici, il va falloir que l’on se retrouve chez mes parents et comment dire… ça va me faire horriblement chier et elle encore plus. J’adore mes parents mais ce n’est pas chez eux que je rêve de la rencontre romantique et passionnée avec mon amour que j’aurais quitté un mois auparavant. Donc ça me pose un véritable problème. Si j’échoue je sais que je vais me sentir coupable de ne pas avoir su préparer pour nous deux une rencontre intime et fusionnelle qui n’appartiendrait qu‘à nous. Pourtant elle ne m’en voudra pas, elle connait la situation mais ma fierté d’homme amoureux voulant tout faire pour rendre heureuse sa femme en prendra un coup dans l’aile. Nous verrons bien. Ce soir je devrais avoir des réponses.

Sinon j’ai de plus en plus envie de films. D’écrire, de réaliser, tout ça me manque. J’ai besoin d’être en mode créatif pour me sentir bien et utile. Cette vie décousue et sans attache me laisse totalement insatisfait. Dès que j’ai un appart et que je me pose, j’écris et je me bouge.

Je repense à mon survival que j’ai envie d’avancer. Quand je vois des demi-merdes comme Eden Lake je me dis qu‘apporter quelque chose de neuf dans le survival est possible et que je tiens quelque chose d’assez inédit. Je veux vraiment aller au bout de ce projet. Au moins au bout du scénario.

Enfin bref je m’égare. J’ai trop de choses dans la tête. J’espère ce soir avoir un endroit où stocker tout ça, parce que cette absence de foyer me donne le sentiment d’avoir une vie bordélique et sans cohérence, chose que je ne supporte absolument pas, grand maniaque que je suis.

Je risque de repasser demain, joyeux ou déprimé selon la réponse des deux agences dont j’attends les appels avec une impatience de damné.

Dilemme de bourgeois

Mardi 7 octobre 2008

Voilà aujourd’hui j’ai eu l’opportunité de mettre fin à cette recherche d’un logement à plein-temps. Une gentille agent immobilier m’a dit que si j’étais intéréssé par l’appartement que l’on était en train de visiter, elle pouvait me le réserver et faire passer mon dossier au propriétaire qui, sans doute, vu que mes parents sont garants, serait d’accord. Malheureusement j’ai eu la connerie énorme de lui dire que j’attendais des réponses pour d’autres appartements qui me plaisaient plus et qui sont moins chers. Réponses que j’aurais demain. Donc j’aurais très bien pu réserver celui là en attendant d’avoir les autres réponses (qui sont très certainement négatives) mais non il faut croire que je suis trop con. Et mon pauvre Cyriaque va devoir me supporter encore quelques jours je pense…

 

J’ai trouvé cette situation paradoxale car moi qui me proclame à moi-même depuis le début « tu prendras ce que tu trouves » (dans le cadre de certaines limites que je me suis fixé) me voilà, faisant mon difficile entre trois appartements. Il est vrai qu’hier j’en ai visité deux qui m’ont fort plu dans leur disposition et leur aménagement dont un intégralement en bois, ressemblant à la cabine d’un bateau avec un lit en mezzanine qui me paraît assez génial et d’un prix très modique. Enfin bref aujourd’hui j’avais dans mes mains la clef de toute cette situation mais j’ai préféré avoir des ambitions quitte à me retrouver demain sans plus aucun espoir et à devoir tout recommencer. J’ai passé tout le chemin du retour à subir l’engueulade musclée entre les deux hémisphères de ma personne. L’hémisphère pratique qui me disait de rappeler l’agent immédiatement pour lui dire que je réservais ce dernier appartement au demeurant très bien et l’autre hémisphère, plus bobo, me disant d’attendre la réponse des deux autres avec un espoir ténu et fébrile.

 

Bref, je me rends compte que je ne me connais pas si bien et que mes certitudes d’hier deviennent mes doutes d’aujourd’hui.  Je ne sais pas ce que je veux, si ce n’est que je veux le meilleur.

Le cinéma permanent de la réalité

Lundi 6 octobre 2008

J’ai eu l’occasion de passer cette dernière semaine une bonne partie de mon temps dans le métro parisien. Ayant décidé d’y mettre à profit mon temps et de lire plutôt que de rester le regard dans le vague durant le trajet j’ai pris le seul livre que j’ai à ma disposition à Paris, une étude forte intéréssante mais quelque peu fastidieuse sur les marginaux parisiens du XIVème et du XVème Siècle. C’est que le sujet me passionne et tout les détails de cette vie de bohème au coeur du Moyen-Age me remplit d’une mythologie assez superbe. J’aimerais faire un film très réaliste, presque vériste à la Le Petit Voleur le chef-d’oeuvre d’Eric Zonca où l’on suit une petite frappe s’initier aux choses de la truanderie et de la marginalité mais de le transposer au Moyen-Age. Il y aurait moyen de faire quelque chose de tendu, de poisseux et de beau en même temps. Voilà un projet de plus qui s’aligne à la fin de la queue des innombrables projets dont je rêve. Mais voilà l’ouvrage en question du bien nommé Bronislaw Geremek finissait par me fatiguer. Le métro n’étant certainement pas l’endroit le plus indiqué pour pouvoir tirer le meilleur parti d’un essai historique de la sorte. Alors depuis quelques jours j’ai peu à peu levé les yeux des pages du livre pour regarder les gens. Depuis toujours les gens m’ont passionné mais je suppose que la situation particulière qui est actuellement la mienne (je loge chez un ami dans l’attente de trouver un appartement, activité qui m’occupe à plein temps depuis une semaine) m’en ont fait me détourner et au contraire développer une forme de mysanthropie générale dans cette ville qui semble ne pas trop vouloir de moi. Cependant depuis que j’abandonne les forfaits de mes brigands moyennageux ils m’aparaissent de nouveau porteur d’une richesse et d’une beauté incroyable. J’aime à observer comment chacun s’enferme dans son fort intérieur pour au mieux passer ce trajet qui n’est que du temps offert au quotidien. Comment certains croisent les bras sur leurs poitrines, ou d’autres se contentent de regarder dans le vague. Comment certains passent trente minutes à triturer leur portable. Ceux qui lisent. Ceux qui font des sudoku. Ceux qui lisent mais finalement ils s’avèrent les spécimens les moins intéréssants. Dans ces cas là je fais tout pour savoir ce qu’ils lisent pour savoir si ce que j’avais imaginé qu’ils pourraient lire (genre de littérature) en fonction de leurs tenues vestimentaires était correct (la plupart du temps je me suis planté).

 

Et donc là dans cet enchevêtrement improbable d’êtres humains qui sont en mouvance permanence s’organise quelque chose d’assez fascinant. Comme si de tout ces destins individuels que je croise l’espace de cinq minutes finissait par faire sens ensemble et ressembler à quelque chose de cohérent, une toile, un réseau d’humanité qui apparaît non pas comme une accumulation, un empilage mais comme un tout. Un flux unique et ininterrompue de vie, qui défile devant moi. Comme un film sans début ni fin. Et me penser faire partie du film que regarde ma voisine où la personne en face de moi me donne un sentiment de privilège et d’une certaine manière la sensation d’appartenance à un groupe. Bref j’y trouve les meilleurs moments de réconforts de cette vie assez morne entre des appartements vides qui seront potentiellement mes lieux de vie mais qui ne le deviennent jamais.

 

L’Andalousie me manque plus que tout. Les odeurs, les gens, les sons, l’espagnol, le climat et surtout cette atmosphère, cette légérté qui m’envahissait à chaque fois que je sortais dans la rue. Sensation que je n’ai jamais ressenti ailleurs. J’y vois ni plus ni moins qu’une certaine essence de la vie. Et m’en éloigner délibérement me fait plus mal que je ne l’imaginais. J’aime trop cette terre, elle est en moi dans mon sang. Dans ce qui m’unit à une fille de là-bas, ma gaditana chérie qui porte sur elle, en elle ce bien-être andalou.

 

Te hecho de menos tierra de mi sangre. Volveré a ti  cuando la vida me habra dado todo lo que necesito para ser feliz. Y vendré a morir bajo de tu sol que me quemarà el alma.

Le Paris d’une vie à Paris

Jeudi 2 octobre 2008

Voilà j’y suis. A Paris. La Capitale. La putain de Capitale. Cette ville dont on te parle depuis que tu comprends le langage. Cette ville qui existe dans les chansons, dans les films, les livres. Cette ville où est faite la télé et la radio que tu écoutes et où sont réunis tous les gens français célèbres que tu admires ou que tu détestes. Cette ville où les livres que tu étudiais à l’école ont principalement tous été écrit et pensé. Cette ville où, un jour, il y avait des allemands partout qui avait changé le nom des bâtiments pour que ça sonne plus germanique. Tu n’es jamais venu mais tu connais les quartiers, les bâtiments, les rues. Si on te dit le Père Lachaise, si on te dit la Défense, si on te dit Montmartre, si on te dit les Champs-Elysées, le sacré-coeur, Notre Dame de Paris, la Tour Eiffel, l’Arc-de-Triomphe, le Louvre, le Centre Pompidou. Tu connais tout ça. Tu ne sais pas précisément ce que sais mais tu sais que ça se rattache à Paris et que Paris c’est la Capitale. Et qu’en France il y a Paris et les Provinciaux. Rien d’autre.

 

Et bien voilà. Le provincial débarque à Paris avec toute sa candeur et sa naïveté de dauphinois. Il ignore déjà qu’à Paris un visiteur normal n’a pas le droit de laisser sa voiture sur un même emplacement plus de deux heures de suite. Deux heures qui lui auront quand même couté 2€. Et quand il a prévu de passer une semaine ou le temps qu’il faudra pour trouver un logement dans cette ville, il ne sait pas s’il doit véritablement déplacer sa voiture toute les deux heures avec ces 2 € qui lui reviennent donc à la fin de la journée à (sachant que c’est payant de 9h à 19h) 20 € plus un temps perdu absolument inquantifiable. Solution totalement surréaliste et grotesque. Il pense donc la mettre dans un parking souterrain dont le tarif est de 23 € par jour. Mais finalement il réalise que la solution la plus économique est de rester au même emplacement et de laisser s’empiler les amendes de 11 € qui s’avère beaucoup moins cher que les deux autres solutions alternatives. Mais encore mieux, il pensera prendre sa voiture hors de la ville (car la ville de Paris ne contient aucune, mais AUCUNE, rue de stationnement gratuit, chose que je n’avais jamais vu ailleurs…) la garer très loin où elle sera bien tranquille et revenir tranquillement en RER + Métro. Bref tout ce babillage monétaire de gros radin a seulement pour but de montrer à quel point tout de suite, le provincial que je suis a compris que Paris serait une ville à conquérir. Qu’elle (j’ai envie de lui attribuer le sexe féminin) ne va pas se laisser séduire et se laisser caresser lors du premier rendez-vous. Qu’il va falloir la connaître, la découvrir, l’explorer avant de pouvoir, disons, la sodomiser. Rien ne paraît facile ou accueillant au jeune type qui arrive et qui pense pouvoir s’installer là parce qu’il en a le désir et que ses ambitions professionnelles sont en parfaite adéquation avec ce désir et qu’en plus il est suffisament fortuné pour se payer son loyer pourant exhorbitant. Non. Ici tout ça n’est pas possible. J’ai comme cette impression que trop de gens ont le rêve parisien dans la tête mais qu’aux portes de la ville, une séléction naturelle s’effectue. Comme un casting de télé-réalité où les plus démunis, les plus moches, les plus cons n’auront certainement pas le privilège de faire « partie de l’aventure ». Le malheur des grandes villes est là. Dans l’injustice discriminative de la dialectique implacable de l’offre et de la demande. Il y aura toujours plus de monde à rentrer dans la ville qu’à en sortir. Et donc les critères seront toujours plus sévères, plus élevés et plus injustes et inhumains.

 

Je me plains pas mal, j’ai l’air cafardeux d’autant que Gin mon adorée est restée en Angleterre et que je me retrouve dans un espèce de célibat forcé assez désagréable mais je sais que d’ici quelques semaines, quelques mois quand enfin j’aurais réussi à glisser mes doigts dans l’intérieur moite des rues de cette ville, j’en serais le premier satisfait à me remplir les yeux et les oreilles de culture et à vider mon porte-monnaie pourtant pas bien épais deux fois plus vite qu’ailleurs. Mais en attendant quelle putain de grosse ville de merde remplis de connards suffisant et tellement fiers de leur Paris de mes couilles !!!!