Ça faisait longtemps que je n’étais pas venu par ici. Alors quoi de neuf ? De neuf par rapport à ce qui ne l’est pas, à ce qui n’est que répétition d’actions, d’activité, trajets répétés. Je suis allé à Cannes, au festival, c’était bien , j’y ai vu beaucoup de films, quelques très mauvais, quelques très bons. J’ai bien aimé n’être là bas que dans une perspective cinéphile sans avoir de projet professionnel à défendre. Je n’avais pas cette espèce de sentiment de culpabilité que me tiraille en permanence entre la volonté de profiter de mon temps libre librement et celui de le mettre à profit pour travailler ma carrière de réalisateur. Là je n’avais rien réalisé, rien à vendre, à défendre. J’étais juste là en tant que oisif cinéphile venu voir un panorama de ce qu’est le cinéma mondial aujourd’hui. Et de ce point de vue là ce fut un grande réussite.
La chose qui fut plus délicate a été devoir attendre entre plusieurs séances. En effet n’ayant qu’une accréditation presse pour la Quinzaine des Réalisateurs (d’ailleurs merci encore Benoît), je ne pouvais voir que les films de cette sélection plus certains films de la compétition officielle si j’arrivais à récupérer des billets devant le palais des festivals. Or il m’est arrivé, par une mauvaise organisation et surtout par manque de réussite devant le palais d’avoir soudain un boulevard de trois heures devant moi avant le film suivant. Sachant que je logeais au camping, il m’était inutile de rentrer puisque j’en avais déjà quasiment pour une heure de trajet. Il m’a donc fallu attendre. Trois heures. Seul. Je connaissais bien des gens sur le festival mais le décalage des projos etc… personne n’était jamais dispo à ces heures là. Mon festival de Cannes se transformait alors en une espèce d’errance sans fin sur la Croisette.Errance pensive me laissant à loisir réfléchir aux oeuvres que je venais de voir. J’ai finalement réalisé que c’était très rare que je prenne autant le temps de penser ce que je vois. Là j’ai pu tourner et retourner dans tout les sens les objets qu’on me proposait. Mais ces trois heures, très vites, devinrent un espèce de calvaire horrible où mon désoeuvrement atteignait des proportions ridicules. Je m’asseyais sur un banc et regardait passer les gens. Toutes ces nationalités différentes, bien engoncées dans leurs smokings ou robes de soirée, tout ces professionnels du cinéma dont je me demandais si un jour je finirais par faire partie. Et tout passait lentement. J’évitais, comme je le faisais quand je travaillais à l’usine, de regarder ma montre sachant que je serai déçu par l’heure, je me fixais des objectifs, de marcher jusqu’à tel endroit, d’attendre encore un peu, repoussant au maximum la prise de conscience du temps qui restait à attendre. Étonnamment je ne lisais pas, alors que que je suis un lecteur plutôt assidu, j’aurais pu facilement finir un roman ou deux durant ces périodes d’ennui forcé mais paradoxalement l’ennui entraînant aussi une démotivation qui ne me laissait pas faire le simple effort de plonger dans un roman. Je lisais bien quand même les revues que l’on trouve quotidiennement à Cannes, rendant compte de tout les contrats en signature, les nouveaux accords et partenariats trouvés lors du festival, ainsi que des critiques sommaires des films projetés. Mais ça ne parvenait pas à rendre ce temps divertissant. Alors j’attendais, au sens premier du terme, quelque chose que je ne fais jamais au quotidien, j’ai l’impression. Là j’étais véritablement dans un état d’attentisme absolu, d’espèce de vide intersidéral. J’ai même squatté pendant quelques minutes les barrières devant le Hilton pour voir les stars monter et sortir de voitures de luxe. Non pas que j’ai envie de voir qui que ce soit de connu mais simplement que cela représentait un début d’activité me permettant, en étant ambitieux, de tuer une demi-heure. C’était d’ailleurs assez fascinant de voir tout les gens agglutinés pour voir leurs célébrités préférés, à 100 mètres plus loin et finalement conclure par un « c’est des gens comme les autres, c’est pas parce qu’ils ont de l’argent qu’ils sont spéciaux »… Je restais là un moment à observer ce ballet incessant de voitures, de gens qui en sortent et qui y rentrent. Des gens qui n’ont pas attendre trois heures entre deux projections de films…
Au final, je finissais par en voir le bout et me trouvais récompensé d’être là assis face à l’écran prêt à découvrir, le plus souvent, un film dont j’ignorais tout. Et ça valait la peine d’être là. La passion était toujours présente, rien ne pouvait vraiment l’émousser.
Sinon j’ai commencé la rédaction d’un nouveau scénario, dirons-nous, autobiographique qui avance assez vite. Je ne sais pas où ça va me mener mais bon, c’est déjà quelque chose.
Après Antichrist de Lars Von Trier, je viens d’apprendre ce matin qu’Hollywood projette de faire un film sur une idée que j’avais eu il y a quelques temps et qui me tenait vraiment à coeur. Si j’attends encore quelques années je pense que les quelques idées originales que j’ai pu avoir vont être trouvées par d’autres… C’est rageant, d’autant que j’ai toujours la prétentieuse impression que je ferais largement mieux que ce qu’ils font de l’idée de base.
Superbe chanson, je me rends compte que j’aime de plus en plus ce genre de musique très simple, minimaliste mais qui me touche énormément par sa simple mélancolie mélodique :